Conférence “Guy de Maupassant”
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GUY DE MAUPASSANT 1850-1893
Extrait n° 1 du roman Une vie : « la chienne en gésine ».
Jeanne Le Perthuis des Vauds, l’héroïne de ce roman ne trouve pas en son mariage le bonheur souhaité. Trompée par son mari, homme brutal, elle ouvre son cœur à l’abbé du village récemment nommé. Celui-ci est un homme cruel, intolérant, froid qui n’éprouve pour autrui aucun sentiment. Il reproche à Jeanne de subir les frasques de son époux.
« Jeanne disait, suppliante : « Laissez moi quelques jours, monsieur l’abbé, et revenez au château. Je vous raconterai ce que j’ai pu faire, et ce que j’aurai préparé ; et nous aviserons. Ils arrivèrent alors auprès du groupe des enfants : et le curé s’approcha pour voir ce qui les intéressait. C’était la chienne qui mettait bas. Devant sa niche cinq petits grouillaient déjà autour de la mère qui les léchait avec tendresse, étendue sur le flanc, toute endolorie. Au moment où le prêtre se penchait, la bête, crispée s’allongea et un sixième petit toutou parut. Tous les galopins alors, saisis de joie, se mirent à crier en battant des mains : »En v’là encore un ! » C’était un jeu pour eux, un jeu naturel où rien d’impur n’entrait. Ils contemplaient cette naissance comme ils auraient regardé tomber des pommes.
L’abbé Tolbiac demeura stupéfait, puis saisi d’une fureur irrésistible, il leva son grand parapluie et se mit à frapper dans le tas des enfants sur les têtes, de toute sa force. Les galopins effarés s’enfuirent à toutes jambes ; et il se trouva subitement en face de la chienne en gésine qui s’efforçait de se lever. Mais il ne la laissa pas même se dresser sur ses pattes, et, la tête perdue, il commença à l’assommer à tour de bras. Enchaînée, elle ne pouvait s’enfuir, et gémissait affreusement en se débattant sous les coups. Il cassa son parapluie. Alors les mains vides, il monta dessus, la piétinant avec frénésie, la pilant, l’écrasant. Il li fit mettre au monde un dernier petit qui jaillit sous sa pression : et il acheva, d’un talon forcené, le corps saignant qui remuait encore au milieu des nouveau-nés piaulant aveugles et lourds, cherchant déjà les mamelles. »
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Extrait n° 2 Résumé de Boule de suif
L'histoire se déroule pendant la guerre de 1870, en plein hiver et débute par le repli des troupes françaises et l'envahissement de Rouen par les prussiens. C'est à bord d'une diligence tirée par six chevaux que l'héroïne, baptisée par l'auteur "Boule de suif" et neuf autres personnes s'enfuient vers Dieppe. Il y a là un couple de commerçants, deux couples de la bourgeoisie et de la noblesse, deux religieuses, un démocrate, et Boule de suif, une femme galante, dont la présence soulève la méfiance, l’indignation ou la curiosité.
Le voyage s’annonce difficile. La neige ralentit la progression de la diligence. Les voyageurs ont faim. Seule, Boule de Suif a pensé à emporter des provisions qu’elle partage volontiers avec ses compagnons de voyage. Ceux-ci n’hésitent pas alors à oublier provisoirement leurs préjugés pour bénéficier de la générosité de la passagère.
Le soir, la diligence s’arrête pour une étape à l’auberge de Tôtes. Celle-ci est occupée par les Prussiens. L’officier prussien interdit à la diligence de repartir tant que Boule de suif n’a pas accepté ses avances. Avant le souper elle est appelée à le rejoindre mais refuse. Bonapartiste, elle n’accepte pas de coucher avec l'ennemi.
Les passagers restent bloqués la journée à l'auberge et réalisent que l'officier prussien ne les laissera partir que lorsque Boule de suif se sera offerte à lui. Chacun y va alors de son argument pour convaincre la jeune femme d’accepter de se sacrifier.
Elle passe la nuit avec l'officier et ils partent au petit matin.
Tous se sont fait préparer des petits plats sauf Boule de Suif qui n'en a pas eu le temps.
Quand arrive l’heure du repas, personne ne partagera son repas avec Boule de Suif. Elle n’aura droit qu’au mépris de la part de cette micro-société bien pensante, qu’elle a pourtant nourrie puis libérée.
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Texte n° 3 Regard sur les femmes :
Nous autres, nous adorons la femme, et quand nous en choisissons une passagèrement, c’est un hommage rendu à leur race entière. On peut idolâtrer les brunes parce qu’elles sont brunes, et aussi les blondes parce qu’elles sont blondes, l’une pour ses yeux aigus qui vont au cœur, l’autre pour sa voix qui fait vibrer nos nerfs : celle-ci pour sa lèvre rouge, celle-là pour la cambrure de sa taille ; mais comme nous ne pouvons cueillir, hélas, toutes ces fleurs en même temps, la nature a mis en nous l’amour, la toquade, le caprice fou qui nous les fait désirer à tour de rôle, augmentant ainsi la valeur de chacune à l’heure d’affolement. »
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Texte n° 4 Lettre à sa mère.
Si je trouvais une femme comme toi, avec toutes les vertus que doit avoir une vraie femme, réunissant, chose très rare, la grâce physique à la grâce morale, une telle femme je l’épouserais. J’aime la femme. Elle est le joyau qui anime la vie. C’est le bibelot du foyer. Elle met un rayonnement sublime sur tout ce quelle touche, comme un astre. Mais vois-tu, dès qu’elles ouvrent la bouche elles vous déçoivent toutes. Dieu aurait dû les priver du don de la parole. Leur bêtise les tue d’un coup, éclipse les plus grandes beautés. Oui décidément les femmes devraient être muettes !
Texte N° 5 LA MAISON TELLIER nouvelle Résumé
L'histoire se déroule à Fécamp, où Madame Tellier test la tenancière d' un café-bordel. Elle ferme son établissement pour se rendre, avec sa petite troupe, à la première communion de sa nièce, dans l'arrière-pays. Le trajet en train est tumultueux et folklorique avec la présence d'un commis-voyageur et de 2 paysans face à un monde qui leur est étranger. Les filles font forte impression sur les villageois, fascinés par leurs costumes et leur excentricité. Madame et ses pensionnaires assistent à la communion à l'église. Emues par des souvenirs d'enfance, elles se mettent à pleurer et passent pour de saintes femmes aux yeux des paroissiens. Après la cérémonie et un repas chez Joseph Rivet, le frère de Madame Tellier, on décide de rentrer pour ne pas perdre une seconde journée de travail.
Extrait n° 6 La petite Roque nouvelle
Maupassant nous conte l’histoire du viol d’une petite fille dont le corps est découvert par le facteur lors de sa tournée matinale. Le Maire et le médecin vont constater les faits pour en conclure :
« Les deux hommes s’éloignèrent vivement ; et Renardet dit au docteur : « Quel gredin a bien pu faire un pareil coup dans ce pays-ci ? »
Le médecin murmura : « Qui sait ? tout le monde est capable de ça. Tout le monde en particulier et personne en général. N’importe ce doit être quelque rôdeur, quelque ouvrier sans travail. Depuis que nous sommes en République, on ne rencontre que ça sur les routes. »
Tous deux étaient bonapartistes. Le maire reprit : « Oui, ça ne peut être qu’un étranger, un passant, un vagabond sans feu ni lieu… » Le médecin ajouta avec une apparence de sourire : »et sans femme. N’ayant ni bon souper, ni bon gîte, il s’est procuré le reste. On ne sait pas ce qu’il y a d’hommes sur la terre capables d’un forfait à un moment donné. Saviez-vous que cette petite avait disparu ? »
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Extrait N° : 7 extrait du roman : Bel Ami « Le mariage »
A noter que Bel Ami est un roman consacré à l’ambition. Bref, le titre de séducteur, sûr de lui, peut lui être octroyé. Pour simplifier, je vous dirai que la rencontre d’un ancien camarade de régiment lui entrouvre les portes d’un journal. Avant tout il a le don de plaire aux femmes, à toutes les femmes, aux quinquagénaires comme aux fillettes. L’expression « un bel homme » convient assez à ce gaillard bien bâti dont le visage est orné d’une superbe moustache ; blond,, les yeux clairs, les cheveux frisés il est le type du séducteur sûr de lui. Doté d’un physique avantageux, il va courtiser différentes femmes ce qui va lui permettre de gravir les échelons de la société.
Chapitre X
Lorsque l’office fut terminé, il se redressa et donnant le bras à sa femme, il passa dans la sacristie. Alors commença l’interminable défilé des assistants. Georges affolé de joie, se croyait un roi qu’un peuple venait acclamer. Il serrait des mains, balbutiait des mots qui ne signifiait rien, saluait, répondait aux compliments : « Vous êtes bien aimable. »
Soudain il aperçut Mme de Marelle, et le souvenir de tous les baisers qu’il lui avait donnés, qu’elle lui avait rendus, le souvenir de toutes leurs caresses, de ses gentillesses, du son de sa voix, du goût de ses lèvres, lui fit passer dans le sang le désir brusque de la reprendre. Elle était jolie, élégante avec son air gamin et ses yeux vifs. Georges pensait : Quelle charmante maîtresse, tout de même ».
Elle s’approcha un peu timide, un peu inquiète, et lui tendit la main. Il la reçut dans la sienne et la garda. Alors il sentit l’appel discret de ses doigts de femme, la douce pression qui pardonne et reprend. Et lui-même, il la serrait, cette petite main, comme pour dire : » Je t’aime toujours, je suis à toi. » Leurs yeux se rencontrèrent, souriants, brillants, pleins d’amour. Elle murmura de sa voix gracieuse : « A bientôt, monsieur. »
Il répondit gaiement : « A bientôt madame. »
Et elle s’éloigna.
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Il descendit avec lenteur les marches du haut perron entre deux haies de spectateurs. Mais il ne les voyait point ; sa pensée maintenant revenait en arrière, et devant ses yeux éblouis par l’éclatant soleil, flottait l’image de Mme de Marelle rajustant en face de la glace les petits cheveux frisés de ses tempes, toujours défaits au sortir du lit.
Texte n° 8 Maupassant ne mâche pas ses mots à propos de l’Algérie.
Nous n’avons à Paris aucun soupçon de ce qu’on pense ici. Nous nous imaginons bonnement que l’application du régime civil est l’inauguration d’un régime de douceur. C’est au contraire, dans l’espérance de la plupart des Algériens, le signal de l’extermination de l’Arabe. Les journaux les plus hostiles au système des bureaux arabes publient à tout instant des articles avec des titres comme celui-ci : »Plus d’arabophiles ! » ce qui équivaut à ce cri : « Vivent les arabophages ! » Le mot d’ordre est : »Extermination ! », la pensée : « Ote-toi de là que je m’y mette ! »
Bonne lecture.