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Conférence : Guillaume Apollinaire
Chers amis de la poésie, Bonjour.
Voici les textes qui seront lus lors de notre rencontre avec Guillaume Apollinaire le Mardi 12 septembre à 14h15 au Florida.
Bonne lecture.
Jacqueline GG
NB : Vous trouverez aussi en bas de cette page, un lien vers un fichier PDF permettant d'imprimer les textes.
Guillaume APOLLINAIRE 1880-1918 extrait
LA CHANSON DU MAL AIME
(15 quintils (strophes de 5 vers)octosyllabiques
Regret de l’amour passé qu’il sublime puisqu’il ne fut jamais réciproque !
Et je chantais cette romance
En 1903 sans savoir
Que mon amour à la semblance
Du beau Phénix s'il meurt un soir
Le matin voit sa renaissance.
Un soir de demi-brume à Londres
Un voyou qui ressemblait à
Mon amour vint à ma rencontre
Et le regard qu'il me jeta
Me fit baisser les yeux de honte
Je suivis ce mauvais garçon
Qui sifflotait mains dans les poches
Nous semblions entre les maisons
Onde ouverte de la Mer Rouge
Lui les Hébreux moi Pharaon
Ou tombent ces vagues de briques
Si tu ne fus pas bien aimée
Je suis le souverain d'Égypte
Sa soeur-épouse son armée
Si tu n'es pas l'amour unique
Au tournant d'une rue brûlant
De tous les feux de ses façades
Plaies du brouillard sanguinolent
Où se lamentaient les façades
Une femme lui ressemblant
C'était son regard d'inhumaine
La cicatrice à son cou nu
Sortit saoule d'une taverne
Au moment où je reconnus
La fausseté de l'amour même
Lorsqu'il fut de retour enfin
Dans sa patrie le sage Ulysse
Son vieux chien de lui se souvint
Près d'un tapis de haute lisse
Sa femme attendait qu'il revînt
L'époux royal de Sacontale
Las de vaincre se réjouit
Quand il la retrouva plus pâle
D'attente et d'amour yeux pâlis
Caressant sa gazelle mâle
J'ai pensé à ces rois heureux
Lorsque le faux amour et celle
Dont je suis encore amoureux
Heurtant leurs ombres infidèles
Me rendirent si malheureux
Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
Avons-nous assez divagué
De la belle aube au triste soir
Adieu faux amour confondu
Avec la femme qui s'éloigne
Avec celle que j'ai perdue
L'année dernière en Allemagne
Et que je ne reverrai plus.
Les colchiques
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la
Violatres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
LE PONT MIRABEAU extrait d’Alcool (fuite du temps)
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
LA SOURIS
Belles journées, souris du temps,
Vous rongez peu à peu ma vie.
Dieu ! Je vais avoir vingt-huit ans,
Et mal vécus, à mon envie.
LE CHAT
Je souhaite dans ma maison :
Une femme ayant sa raison,
Un chat passant parmi les livres,
Des amis en toute saison
Sans lesquels je ne peux pas vivre.
LA TZIGANE
La tzigane savait d’avance
Nos deux vies barrées par les nuits
Nous lui dîmes adieu et puis
De ce puits sortit l’Espérance
L’amour lourd comme un ours privé
Dansa debout quand nous voulûmes
Et l’oiseau bleu perdit ses plumes
Et les mendiants leurs Ave
On sait très bien que l’on se damne
Mais l’espoir d’aimer en chemin
Nous fait penser main dans la main
A ce qu’a prédit la tzigane
Si je mourais là-bas
Si je mourais là-bas sur le front de l’armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l’armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur
Et puis ce souvenir éclaté dans l’espace
Couvrirait de mon sang le monde tout entier
La mer les monts les vals et l’étoile qui passe
Les soleils merveilleux mûrissant dans l’espace
Comme font les fruits d’or autour de Baratier
Souvenir oublié vivant dans toutes choses
Je rougirais le bout de tes jolis seins roses
Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants
Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses
Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants
Le fatal giclement de mon sang sur le monde
Donnerait au soleil plus de vive clarté
Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l’onde
Un amour inouï descendrait sur le monde
L’amant serait plus fort dans ton corps écarté
Lou si je meurs là-bas souvenir qu’on oublie
— Souviens-t’en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur —
Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie
Ô mon unique amour et ma grande folie
Je rêve de revoir mon petit Lou n° XLVII
Je rêve de revoir mon petit Lou pour toujours
O nuances des frondaisons pendant les matins lourds
Ceux où joue le jour comme aux cassures d’un velours
O temps souffre qu’en moi-même je retourne en arrière
Dans les commencements de cette longue guerre
Voici la mer et les palmiers
Et cette grande place où tu la vis naguère
Sous son grand canotier
O temps reviendra-t-il le temps où nos deux âmes
Comme deux avions ennemis se rencontreront
Pour l’idéal combat où mon Lou tu réclames
La verge d’Aaron
Puisque tu es cœur éternel La FEMME
Et que je te connais
Onde qui fuit porte sur rien insaisissable flamme
Ou gamin pied de nez
Ou bien ô mon cher cœur tu es cette musique
Qui monte nuit et jour du creux des bois profonds
Et tes bras blancs levés en geste prophétique
Annoncent ce que font
Et tout ce que feront les longs troupeaux des hommes
Venus sous ton regard chargé de volupté
Te crier leur Désir dire ce que nous sommes
Et ce qu’avons été
Puis s’en aller mourir par le matin livide
Afin que tes beaux yeux aient le droit de choisir
L’esclave le plus beau pour orner ton lit vide
Afin de t’assouvir.
O Lou je te revois sur la grand place à Nice
Dans le maton marbré
Un obus vient mourir sur le canon factice
Que les Boches ont repéré.
Poème dédié à Madeleine
L’hiver revient mon âme est triste
L’hiver revient mon âme est triste
Mon coeur ne sait rien exprimer
Peut-être bien que rien n’existe
Hiver de tout hiver d’aimer
Où la peine seule résiste
Et pourquoi donc mon coeur bat-il
Par la tristesse qu’il endure
Toi qui m’attends ô coeur gentil
Ne sais-tu pas que je m’azure
Pour te rejoindre plus subtil
Je suis le bleu soldat d’un rêve
Pense à moi mais perds la raison
Vois-tu le songe qui s’achève
Se confond avec l’horizon
Chaque fois que ton oeil se lève
O toi que j’aime éperdument
A qui je pense dès l’aurore
Et tout le jour je vais t’aimant
Et quand vient le soir je t’adore
Le neuvième poème secret
J’adore ta toison qui est le parfait triangle de la divinité
Je suis le bûcheron de l’unique forêt vierge
O mon Eldorado
Je suis le seul poisson de ton océan voluptueux
Toi ma belle sirène
Je suis l’alpiniste de tes montagnes neigeuses
O mon alpe très blanche
Je suis l’archer divin de ta bouche si belle
On mon très cher carquois
Et je suis le haleur de tes cheveux nocturnes
O mon beau navire sur le canal de mes baisers
Et les lys de tes bras m’appellent par des sign es
On mon jardin d’été
Les fruits de ta poitrine mûrissent pour moi leur douceur
O mon verger parfumé
Et je te dresse ô Madeleine ô ma beauté sur le monde
Comme la torche de toute lumière
TRISTESSE D UNE ETOILE
Une belle Minerve est l’enfant de ma tête
Une étoile de sang me couronne à jamais
La raison est au fond et le ciel est au faîte
Du chef où dès longtemps Déesse tu t’armais
C’est pourquoi de mes maux ce n’était pas le pire
Ce trou presque mortel et qui s’est étoilé
Mais le secret malheur qui nourrit mon délire
Est bien plus grand qu’aucune âme ait jamais celé
Et je porte avec moi cette ardente souffrance
Comme le ver luisant tient son corps enflammé
Comme au coeur du soldat il palpite la France
Et comme au coeur du lys le pollen parfumé
LA JOLIE ROUSSE
Me voici devant tous un homme plein de sens Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait |
NUITS RHENANES
Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
Écoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds
Debout chantez plus haut en dansant une ronde
Que je n'entende plus le chant du batelier
Et mettez près de moi toutes les filles blondes
Au regard immobile aux nattes repliées
Le Rhin le Rhin est ivre où les vignes se mirent
Tout l'or des nuits tombe en tremblant s'y refléter
La voix chante toujours à en râle-mourir
Ces fées aux cheveux verts qui incantent l'été
Mon verre s'est brisé comme un éclat de rire
MAI
Le mai le joli mai en barque sur le Rhin Or des vergers fleuris se figeaient en arrière Sur le chemin du bord du fleuve lentement Le mai le joli mai a paré les ruines |