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VISITE de la GROTTE COSQUER

MARDI 15 NOVEMBRE 2022

 

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Grandes étapes de la découverte

La grotte Cosquer se trouve dans le 9ème arrondissement de Marseille dans le parc des Calanques, à l’extrémité du cap Morgiou.

Sous 37 mètres, Henri Cosquer, l’homme aux dix mille plongées, explore à l’aveugle, une galerie longue de 150mètres.

La découverte remonte au milieu des années 1980 mais le plongeur attendra 1991 pour la déclarer officiellement, à la suite d’un drame où trois plongeurs ont trouvé la mort dans le boyau qui mène à la grotte.

La grotte relève du Paléolithique supérieur comme le prouvent les premières datations au carbone 14 réalisées sur des échantillons de charbons

Ce patrimoine unique est menacé de disparition.

La France a beau être le pays qui concentre le plus grand nombre de grottes ornées au monde, aucune n’avait encore été découverte à l’est du Rhône, en Provence, ce qui a conduit des préhistoriens à douter de son authenticité pendant plusieurs mois. Le doute levé, plusieurs campagnes de fouille et de conservation s’organisent en 1992 et 1994, auxquelles s’associe le préhistorien et spécialiste d’art pariétal, Jean Clottes. Des travaux d’aménagement et d’autres campagnes suivront. La restitution de la grotte, plus de trente ans après sa découverte, marque la fin d’un cycle mais pas celles des découvertes. Elle nous réserve certainement encore des surprises.

 

Périodes préhistoriques de la fréquentation de la grotte

Avec une quarantaine de datations réalisées, la grotte Cosquer est sans doute – avec Chauvet – une des grottes ornées les mieux datées au monde grâce aux nombreux résidus de charbon qui y ont été prélevés. Elle a été fréquentée pendant plusieurs millénaires, dans une fourchette située entre 27 000 ans et 14 000 ans avant notre ère.

Cette longue période correspond à deux grandes cultures paléolithiques identifiées par les préhistoriens : le Gravettien et l’Épigravettien.

(Gravettien : nom qui vient du site de la Gravette en Dordogne)

Les hommes, femmes et enfants dont on trouve les traces de mains dans la grotte sont des sapiens-sapiens, autrement dit des gens qui ressemblent en tout point aux humains que nous sommes.

Les hommes et femmes préhistoriques n’habitaient pas à l’intérieur des grottes. Ils étaient à proximité de l’entrée, sous abri, oui, ou en plein air mais jamais en profondeur.

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Environnement et paysages dans lesquels évoluaient ces hommes

L’entrée de la grotte Cosquer est située aujourd’hui sous la mer, ce qui n’était pas le cas il y a 30 000 ans. Le niveau de la mer se trouvait 120-130 mètres plus bas qu’aujourd’hui et il fallait parcourir de 6 à 10 kilomètres pour rejoindre le littoral depuis la grotte.

Cosquer n’est donc pas une grotte littorale stricto sensu même si l’on y trouve des représentations d’animaux marins, tels que le phoque-moine et le grand pingouin.

Autour de la grotte, il faut s’imaginer un espace très ouvert, de type steppique, avec à la fois le massif escarpé des calanques et devant, une grande plaine avec des bosquets d’arbustes comme des genévriers, des collines, des vallées avec des pins sylvestres. C’est une espèce d’arbres dont les charbons ont été identifiés à la fois comme ayant servi à l’éclairage dans la cavité et comme composants des aplats enduits noirs sur les parois.

Nous sommes au cœur du dernier maximum glaciaire, la période la plus froide des de ces vingt derniers millénaires. Le climat est celui de l’Islande actuelle : étés courts et hivers très rigoureux. Ce qui explique la présence de certaines espèces animales.

Avec plus de 230 figures animales, les parois offrent un spectacle d’une grande diversité…

Les espèces représentées (une douzaine en tout) sont celles que l’on trouve dans d’autres grottes préhistoriques : chevaux, bovidés tels que des bisons, cervidés, bouquetins et chamois.

Présents en grand nombre, les chevaux ressemblent à des chevaux de Przewalski, trapus et courts au garrot.

Cosquer contient cependant quelques éléments très originaux comme les animaux marins (pingouins, phoques) mais également la représentation d’antilopes saïgas, animal en voie de disparition qui vit aujourd’hui dans les steppes d’Asie centrale, au Kazakhstan par exemple.

Parmi les cervidés représentés on trouve un mégacéros, animal très spectaculaire dont les bois pouvaient atteindre trois mètres de haut. Ainsi que des animaux qui restent encore indéterminés. Plusieurs de ces espèces ont aujourd’hui complètement disparu de la Méditerranée comme les félins, le grand pingouin, l’antilope saïga ou encore le bison.

Les artistes préhistoriques dessinent et peignent des animaux mais, hormis les mains, rarement des humains. Cosquer, de ce point de vue, ne fait guère exception.

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Signification des mains en négatif

L’artiste apposait sa main sur la paroi et soufflait de l’argile tout autour, comme avec un pochoir, laissant ainsi apparaître sa main. D’où l’expression de mains «en négatif».

Des mains d’hommes, de femmes, d’enfants : l’intégralité d’un groupe humain a fréquenté Cosquer.

Ce qui n’est guère étonnant si l’on songe à la logistique et à l’organisation nécessaires pour atteindre la cavité et y réaliser les peintures : il fallait beaucoup de bras ! Mais ce n’est certainement pas la seule raison… La présence de mains en négatif n’est pas une caractéristique propre à Cosquer. On peut même parler de comportement propre à la culture gravettienne en Europe. La grotte de Gargas notamment, dans les Hautes-Pyrénées, en compte plusieurs centaines ; à Pech Merle dans le Lot, ou à Chauvet en Ardèche également.

À Cosquer, certaines de ces mains ont des doigts incomplets, des phalanges en moins. On peut imaginer des mains mutilées, blessées mais l’hypothèse la plus solide est que ces mains traduisent une sorte de code, un langage de communication entre chasseurs-cueilleurs comme l’utilisaient encore il n’y a pas si longtemps les Indiens d’Amérique du Nord. Mais cette hypothèse n’est pas vérifiée.

 

Fonctions et usages de la grotte

Il est très probable que la grotte ait eu plusieurs fonctions durant la très longue durée de sa fréquentation. Lieu de rituel ? Espace où hommes et femmes préhistoriques se racontaient et représentaient des mythes ? Que signifient les dessins géométriques qui couvrent certaines parois, une étrangeté qui n’est pas spécifique à Cosquer ? Il reste des choses à découvrir.

On ne connaît pour l’instant cette cavité ornée que de manière globale.

En effet cette grotte ne se résume pas à des parois peintes, qui en sont la partie la plus spectaculaire. Ce sont aussi des sols, des foyers d’éclairage, des traces d’activité de toutes sortes. De nombreux prélèvements ont été réalisés. Parmi eux : une pâte calcaire. Quel était l’usage par les groupes humains préhistoriques de cette pâte calcaire ?

Les scientifiques vont également également travailler sur les silex découverts dans la grotte et tenter de découvrir pour quels usages ils ont été taillés.

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Une course contre la montre s’engage

L’eau monte, la grotte est menacée, sa disparition est programmée. D’ores et déjà, 4/5e de la grotte sont immergés. Les scientifiques vont établir une stratégie de travail qui tiendra compte de la montée des eaux.

Malheureusement les dégâts provoqués par le réchauffement climatique sont très visibles dans la grotte.

Questions clés auxquelles la prochaine campagne va tenter de répondre

Une des premières questions porte sur la chronologie de fréquentation de la cavité. Est-elle bien cernée ?

Il n’est pas impossible que des éléments plus anciens soient présents dans la grotte. Le boyau emprunté pour y pénétrer n’a peut-être pas été accessible tout le temps.

Les scientifiques chercheront comment s’est formée la grotte dans le massif des Calanques et comment elle a évolué jusqu’à aujourd’hui

C’est une vraie enquête interdisciplinaire qui va être menée avec le soutien du ministère de la culture.

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Danièle C.