Conférence : "Paul Eluard"

Du 09 Octobre 2020 14:00 jusqu'au 09 Octobre 2020 16:30
Posté par Super Utilisateur
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En cette périodee difficile, un peu de distraction est toujours bien venue. Je vous propose donc une rencontre avec Paul ELUARD

et vous rappelle que : 

Le port du masque est obligatoire ainsi que la prise de température (à l'arrivée)

Une lingette vous sera fournie afin de nettoyer votre siège (à l'arrivée et au départ) 

Du gel hydroalcoolique sera à votre disposition

Vous entrerez par la porte principale et vous ferez inscrire sur le cahier de la Mairie. 

La sortie se fera par l'issue de secours. 

Les distances entre vous, seront à respecter. 

Je suis navrée de vous imposer ces contraintes, mais il l s'agit de votre santé, je vous remercie donc de les respecter afin de pouvoir poursuivre nos activités.

vous trouverez les textes qui seront lus ci-dessous et aussi en cliquant ici.

Comme d'habitude, des potocopies seront à votre disposition. 

Dans l'attente du plaisir de vous revoir, Chers adhérents, je vous prie de croire en mes meilleurs sentiments. 

J.GG

PAUL ELUARD 1895-1952

 

TEXTE N° 1 extrait du recueil :

« Capitale de la douleur. »

Ta bouche aux lèvres d’or n’est pas en moi pour rire

Et tes mots d’auréole ont un sens si parfait

Que dans mes nuits d’années, de jeunesse et de mort

J’entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde.

Dans cette aube de soie où végète le froid

La luxure en péril regrette le sommeil,

Dans les mains du soleil tous les corps qui s’éveillent

Grelottent à l’idée de retrouver leur cœur.

Souvenirs de bois vert, brouillard où je m’enfonce

J’ai refermé les yeux sur moi, je suis à toi,

Toute ma vie t’écoute et je ne peux détruire

Les terribles loisirs que ton amour me crée.

                             :- :- :- :- :- :- :

TEXTE N° 2 extrait de : Capitale de la douleur

Le courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,

Un rond de danse et de douceur,

Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,

Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu

C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,

Roseaux du vent, sourires parfumés,

Ailes couvrant le monde de lumière,

Bateaux chargés du ciel et de la mer,

Chasseurs de bruits et sources de couleurs

Parfums éclos d’une couvée d’aurores

Qui gît toujours sur la paille des astres,

Comme le jour dépend de l’innocence

Le monde entier dépend de tes yeux purs

Et tout mon sang coule dans leurs regards

                             :- :- :- :- :

TEXTE 3 extrait de « CAPITALE DE LA DOULEUR » 

Qui devait s’appeler « L’Art d’être malheureux. »

 

Ta chevelure d’oranges dans le vide du monde

Dans le vide des vitres lourdes de silence

Et d’ombre où mes mains nues cherchent tous tes reflets.

La forme de ton cœur est chimérique

Et ton amour ressemble à mon désir perdu.

O soupirs d’ambre, rêves, regards.

Mais tu n’as pas toujours été avec moi. Ma mémoire

Est encore obscurcie de t’avoir vu venir

Et partir. Le temps se sert de mots comme l’amour.

                           :- :- :- :- :-

Texte 4     extrait du recueil : « Capitale de la douleur »

 

Elle se refuse toujours à comprendre, à entendre,

Elle rit pour cacher sa terreur d’elle-même.

Elle a toujours marché sur les arches des nuits

Et partout où elle a passé

Elle a laissé

L’empreinte des choses brisées.

                                     :- :- :- :- :

 

 

 

 

Texte 5 L’AMOUREUSE

Elle est debout sur mes paupières

Et ses cheveux sont dans les miens,

Elle a la forme de mes mains,

Elle a la couleur de mes yeux,

Elle s’engloutit dans mon ombre

Comme une pierre sur le ciel.

Elle a toujours les yeux ouverts

Et ne me laisse pas dormir.

Ses rêves en pleine lumière

Font s’évaporer les soleils,

Me font rire, pleurer et rire,

Parler sans avoir rien à dire.

Texte n°6 Extrait de «  Mourir de ne pas mourir. »

 

L’EGALITE DES SEXES

Tes yeux sont revenus d’un pays arbitraire

Où nul n’a jamais su ce que c’est qu’un regard

Ni connu la beauté des yeux, beauté des pierres,

Celle des goutes d’eau, des perles en placards,

Des pierres nues et sans squelette, ô ma statue,

Le soleil aveuglant te tient lieu de miroir

Et s’il semble obéir aux puissances du soir

C’est que ta tête est close, ô statue abattue

Par mon amour et par mes ruses de sauvage.

Mon désir immobile est ton dernier soutien

Et je t’emporte sans bataille, ô mon image,

Rompue à ma faiblesse et prise dans mes liens.

                              :- :- :- :- :- :

 

Texte n° 7 A PABLO PICASSO

extrait du recueil «  DONNER A VOIR »  

Les uns ont inventé l’ennui d’autres le rire

Certains taillent à la vie un manteau d’orage

Ils assomment les papillons font tourner les oiseaux en eau

Et s’en vont mourir dans le noir

Toi tu as ouvert des yeux qui vont leur voie

Parmi les choses naturelles à tous les âges

Tu as fait la moisson des choses naturelles

Et tu sèmes par tous les temps

On te prêchait l’âme et le corps

Tu as remis la tête sur le corps

Tu as percé la langue de l’homme rassasié

Tu as brûlé le pain bénit de la beauté

Un seul cœur anima l’idole et les esclaves

Et parmi tes victimes tu continues à travailler

Innocemment

                           :- :- :- :- :- :

Tete n° 8

Extrait du recueil : « AU RENDEZ-VOUS ALLEMAND »

COUVRE-FEU  

Que voulez-vous la porte était gardée

Que voulez-vous nous étions enfermés

Que voulez-vous la rue était barrée

Que voulez-vous la ville était matée

Que voulez-vous elle était affamée

Que voulez-vous nous étions désarmés

Que voulez-vous la nuit était tombée

Que vouliez-vous nous nous sommes aimés.

TEXTE N° 9       COMPRENNNE QUI VOUDRA

extrait du recueil « AU RENDEZ-VOUS ALLEMAND »

« Réaction de colère. Je revois, devant la boutique d’un coiffeur de la rue de Grenelle, une magnifique chevelure féminine gisant sur le pavé. Je revois des idiotes lamentables tremblant de peur sous les rires de la foule. Elles n’avaient pas vendu la France et elles n’avaient souvent rien vendu du tout. Elles ne firent, en tout cas, de morale à personne. Tandis que les bandits à face d’apôtre, les Pétain, Laval, Darnand, Déat, Doriot, Luchaire, etc…sont partis. Certains mêmes connaissant leur puissance, restent tranquillement chez eux, dans l’espoir de recommencer demain. »

Ce texte est paru dans Les Lettres Françaises le 29 novembre 1944

Toujours dans la même veine le poème du même nom qui présente en exergue :

« En ce temps-là pour ne pas châtier les coupables, on maltraitait des filles. On allait même jusqu’à les tondre. »

Texte n° 10

Comprenne qui voudra

Moi mon remords ce fut

La malheureuse qui resta

Sur le pavé

La victime raisonnable

A la robe déchirée

Au regard d’enfant perdue

Découronnée défigurée

Celle qui ressemble aux morts

Qui sont morts pour être aimés.

Une fille faite pour un bouquet

Et couverte

Du noir crachat des ténèbres

Une fille galante

Comme une aurore de premier mai

La plus aimable bête

Souillée et qui n’a pas compris

Qu’elle est souillée

Une bête prise au piège

Des amateurs de beauté

Et ma mère la femme

Voudrait bien dorloter

Celle image idéale

De son malheur sur terre.

Texte n° 11Extrait du recueil « Poésie et Vérité »

paru en 1942 voici :

LIBERTE                    

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable de neige
J’écris ton nom

Sur les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes raisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attendries
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté

Texte n° 12 extrait du recueil

« LE TEMPS DEBORDE »dont voici un extrait :

Notre vie.

Notre vie tu l'as faite elle est ensevelie
Aurore d'une ville un beau matin de mai
Sur laquelle la terre a refermé son poing
Aurore en moi dix-sept années toujours plus claires
Et la mort entre en moi comme dans un moulin 
Notre vie disais-tu si contente de vivre
Et de donner la vie à ce que nous aimions
Mais la mort a rompu l'équilibre du temps
La mort qui vient la mort qui va la mort vécue
La mort visible boit et mange à mes dépens

Morte visible Nusch invisible et plus dure
Que la faim et la soif à mon corps épuisé
Masque de neige sur la terre et sous la terre
Source des larmes dans la nuit masque d'aveugle
Mon passé se dissout je fais place au silence.

                       :- :- :- :- :- :

TEXTE N° 13   extrait du recueil « LE PHENIX »

Je t'aime

Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues 
Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu 
Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud 
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs 
Pour les animaux purs que l'homme n'effraie pas 
Je t'aime pour aimer 
Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas 

Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu 
Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte 
Entre autrefois et aujourd'hui 
Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille 
Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir 
Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie 
Comme on oublie 

Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne 
Pour la santé 
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion 
Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas 
Tu crois être le doute et tu n'es que raison 
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête 
Quand je suis sûr de moi.

Texte n° 14

La terre est bleue comme une orange

extrait du recueil « Amour et Poésie »

La terre est bleue comme une orange
Jamais une erreur les mots ne mentent pas
Ils ne vous donnent plus à chanter
Au tour des baisers de s'entendre
Les fous et les amours
Elle sa bouche d'alliance
Tous les secrets tous les sourires
Et quels vêtements d'indulgence
À la croire toute nue.

Les guêpes fleurissent vert
L'aube se passe autour du cou
Un collier de fenêtres
Des ailes couvrent les feuilles
Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté.

 

Bonne lecture